Pour l’estimation du nisâb (le minimum imposable) de la zakât de nos jours, le mieux est de l’estimer en fonction de la valeur de l’or et non pas celle de l’argent. En effet, lorsque le Prophète (ﷺ) a déterminé le nisâb de la zakât en fonction de l’or et de l’argent, il n’a pas voulu en faire deux nisâb. Il s’agit d’un seul et unique nisâb, estimé à travers deux monnaies, car le nisâb correspond dans la législation au seuil minimum de « richesse » (ghinâ).
La zakât fut prescrite en islam pour qu’elle soit prélevée des riches et redistribuée aux pauvres. Qui est donc le pauvre ? En d’autres termes, quand un individu est-il considéré comme « riche » (ghaniy). La législation a établi une indication de la richesse, à savoir, la possession du nisâb.
La valeur du nisâb varie en fonction des biens. Le nisâb de la monnaie (biens monétaires) est calculé par deux choses :
L’or : 20 mesures.
L’argent : 200 dirhams.
Pourquoi le Prophète (ﷺ) a-t-il déterminé le nisâb sur la base de ces deux montants ? Parce qu’au moment de la révélation, les Arabes utilisaient deux monnaies : une monnaie provenant des perses, qui était le dirham en argent, et une monnaie en provenance des byzantins, qui était le dinar en or. Les Arabes n’avaient pas de monnaie qu’ils frappaient eux-mêmes.
Ainsi, le Prophète (ﷺ) a fixé le seuil de la richesse (nisâb) à 20 dinars d’or ou à 200 dirhams d’argent, puisqu’un dinar était, à l’époque, équivalent à 10 dirhams.
Après la baisse du prix de l’argent, l’or était échangé, du temps des quatre califes, contre 12 dirhams, puis ce fut contre 15, puis contre 20, puis contre trente… Jusqu’à nos jours où le prix de l’argent a considérablement baissé face au prix de l’or. Le nisâb de l’or et celui de l’argent sont devenus disproportionnés.
Dès lors, il n’est plus acceptable de fixer le seuil minimal de« richesse » à 50 riyals saoudiens ou qataris, par exemple (en considérant le nisâb de l’argent), tandis qu’il serait fixé en considérant le nisâb de l’or, à 1500 riyals ou plus !
Si nous devions estimer la valeur de la monnaie en argent, le nisâb ne dépasserait pas 50 riyals. Et si nous devions l’estimer en or, la différence entre les deux nisâb serait très grande, sachant que les 20 mesures sont égales à 85g. Par ailleurs, il existe, dans plusieurs musées, des dinars datant de l’époque de ‘Abd al-Malik ibn Marwân, qui sont les premiers dinars islamiques frappés et diffusés. Il s’avère que le poids moyen d’un dinar est de 4,25g ; ainsi, 20 dinars égalent 85g.
Par conséquent, si nous voulons connaître le montant du nisâb en monnaie, nous devons nous informer auprès des bijoutiers (le cours de l’or) afin de savoir la valeur monétaire des 85g d’or. Ce montant sera considéré comme le nisâb légal, ou le seuil minimum de « richesse », qui exige la zakât.
Quant au nisâb de l’argent, il est très bas. Il ne faut pas le considérer car celui qui possède 50 riyals ne peut être considéré comme « riche ».
En réalité, c’est le nisâb d’or qui procure l’apaisement de l’esprit. Il est approximativement proche des autres types de nisâb légaux : 5 chameaux, 40 moutons, 30 bovins ou autres.
(Article écrit par Dr. al-Qaradâwî, tiré du site qaradawi.net, traduit par Moncef Zenati)