Le Coran invite à croire en Dieu et à adhérer à la religion par l’unique voie de la sagesse et de la bonne exhortation : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle les gens au sentier de ton Seigneur » (16 : 125).
Le Coran interdit toute contrainte en matière de religion car la contrainte ne pourrait engendrer l’adhésion des cœurs ; elle n’engendre que l’hypocrisie. L’adhésion à l’islam ne peut se réaliser qu’après un choix libre loin de toute pression psychologique ou physique. C’est pourquoi, le Coran proclame clairement : « Eh bien rappelle ! Tu n’es qu’un rappeleur, et tu n’es pas un dominateur sur eux » (88 : 21 – 22), « Nulle contrainte en matière de religion » (2 : 256), « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (10 : 99).
Au contraire, Il propose aux non-musulmans un vivre ensemble fondé sur le respect mutuel : « Dis : « Ô vous incroyants ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma religion » » (sourate 109).
« A vous votre religion, et à moi ma religion » : ce verset fait du Coran le seul livre céleste qui reconnaît expressément l’autre ; qui reconnaît à l’autre le droit d’adhérer à une religion différente et d’exercer un culte différent ; qui accorde à celui qui ne partage pas la même religion le droit d’exister.
Ainsi, le Coran refuse que les gens deviennent musulmans par la force ou sous n’importe quelle forme de contrainte. Il n’existe dans le Coran aucun verset qui appellerait à convertir les gens par la force. Dieu dit dans la sourate « la famille d’Imran » qui est une sourate médinoise[1] : « Dis : « Ô gens du Livre ! Venez à une parole commune entre nous et vous que nous n’adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns et les autres pour seigneurs en dehors de Dieu ». Puis, s’ils tournent le dos, dites : « Soyez témoins que nous, nous sommes soumis » » (3 : 64). Méditons la fin du verset : « Puis, s’ils tournent le dos », c’est-à-dire, s’ils refusent d’adhérer à la foi musulmane et la rejettent : « dites : « Soyez témoins que nous, nous sommes soumis ». Il n’ordonne pas de trancher les têtes ou de leur déclarer une guerre !
Il ne s’agit pas du seul verset qui dit cela au sujet de ceux qui réfutent l’islam, une dizaine de versets vont dans ce sens.
En effet, dans la même sourate, Dieu dit : « Et dis à ceux à qui le livre a été donné, ainsi qu’aux illettrés : « Avez-vous embrassé l’islam ? » S’ils embrassent l’islam, ils seront bien guidés. Mais, s’ils tournent le dos … Ton devoir n’est que la transmission (du message). Dieu, sur Ses serviteurs, est Clairvoyant » (3 : 20).
Dans la sourate « la lumière » qui est également médinoise, Dieu dit : « Dis : « Obéissez à Dieu et obéissez au messager. S’ils se détournent… il (le messager) n’est alors responsable que de ce dont il est chargé ; et vous assumez de dont vous êtes chargés. Et si vous lui obéissez, vous serez bien guidés ». Et il n’incombe au Messager que de transmettre explicitement (son message) » (24 : 54).
Dans la sourate « le repentir », qui fait partie des dernières révélations et que certains qualifient de violente, nous pouvons lire le verset suivant : « Certes un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants. Alors, s’ils se détournent, dis : « Dieu me suffit. Il n’y a de divinité que Lui. En Lui je place ma confiance ; et Il est le Seigneur du Trône immense » » (9 : 129 – 128).
Certains diront peut-être : Mais le Prophète (ﷺ) ne dit-il pas : « J’ai été envoyé avec l’épée en signe précurseur de l’Heure » ?! La réponse est qu’il s’agit d’un hadith « faible » qui ne peut servir d’une source d’argumentation[2]. D’autant plus qu’il contredit le Coran stipulant que les prophètes et messagers ont été envoyés avec la miséricorde, la guidance et les preuves évidentes et non pas avec la force et l’épée : « Et nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers » (21 : 107) « C’est Lui qui a envoyé Son Messager avec la bonne direction et la religion de la vérité » (9 : 33), « Nous avons effectivement envoyé Nos Messagers avec des preuves évidentes » (57 : 25).
Certes, il existe des versets appelant au combat dans le sentier de Dieu, mais rien ne prouve que ce combat ait pour objectif la conversion forcée à l’islam ou la propagation de l’islam par la force de l’épée. Au contraire, le combat est motivé dans le Coran par la résistance à l’agression, la lutte contre l’injustice et la défense des opprimés[3]. C’est ce que mentionnent les textes. Il n’existe aucun texte qui ordonne la diffusion de l’islam et la conversion des gens par la force et la contrainte.
D’ailleurs, à la prise de la Mecque, qui était une libération politique, les musulmans n’ont pas imposé l’islam à ses habitants. Ils ont laissé le choix aux Mecquois pour que la foi se fraye son chemin vers les cœurs par la persuasion et la conviction. Sans même attendre leur conversion, le Prophète (ﷺ) dit aux mecquois vaincus : « Pas de récrimination contre vous aujourd’hui ! Que Dieu vous pardonne » (12 : 92), Allez, vous êtes libres ! ».
[1] – j’ai tenu à préciser qu’il s’agit d’un verset médinois pour réfuter les controverses suscitées par certains ignorants qui consistent à dire que le Coran mecquois serait tolérant et que le Coran médinois serait intolérant et violent, appelant ensuite à ne se limiter qu’au Coran mecquois !
[2] – cf. La Sunna : mode d’emploi de Moncef Zenati
[3] – cf. le chapitre précédent : le Coran est-il violent ?