Au sens étymologique, la Sunna correspond à la voie, bonne ou mauvaise.
C’est dans ce sens que le Prophète (ﷺ) dit : « Celui qui institue en islam une bonne voie « sunna hasana », a sa récompense et celle de tous ceux qui agissent selon elle après lui, sans que cela ne diminue rien de leur propre rétribution. De même que celui qui institue en islam une mauvaise voie « sunna sayyi’a » en supporte le péché ainsi que celui de tous ceux qui agissent après lui selon cette voie, sans rien diminuer de leur propre péché » (rapporté par Mouslim).
Selon la terminologie des théoriciens du droit, la Sunna correspond à tout ce qui émane du Messager de Dieu (ﷺ), en dehors du Coran. Ceci comprend ses dires, ses actes et ses approbations. Certains rajoutent : ce qu’il a envisagé de faire même s’il ne l’a pas fait.
D’après cette définition, la « Sunna » comprend trois axes :
– Les dires : Tous les propos formulés par le Prophète (ﷺ) en différentes circonstances, à l’instar du hadîth : « Les actes ne valent que selon les intentions qui les animent »[1]. Cette branche de la « Sunna » est appelée : « Sunna qawliyya » (la Sunna orale).
– Les actes : l’ensemble des actes du Prophète (ﷺ) transmis par les Compagnons, comme sa manière de faire les ablutions, d’accomplir la « salat » ou les rites du Pèlerinage. Cette branche est appelée : « Sunna ‘amaliyya » (la Sunna pratique).
Ceci dit, ce que fait le Prophète (ﷺ) de par sa nature humaine comme sa façon de manger, de boire, de dormir, de marcher, de s’habiller, de se coiffer, ou d’avoir des cheveux longs, ne fait pas partie de la Sunna à portée législative (une Sunna donnant lieu à une obligation ou à une recommandation) à moins que cet acte ne soit accompagné d’une demande ou d’une incitation exprimée oralement, ou si l’on perçoit à travers cet acte le sens de l’adoration de Dieu[2].
– Les approbations : Le troisième axe de la Sunna correspond aux approbations du Prophète (ﷺ). Cela consiste à ce que le Prophète (ﷺ) approuve les dires ou les comportements de certains de ses Compagnons en manifestant son accord et son consentement ou par son silence et l’absence de désapprobation. Cette branche de la Sunna est appelée « as-sunna at-taqrîriyya » (la Sunna approbative).
Par exemple : deux Compagnons étaient en voyage quand l’heure de la Prière arriva. Ne trouvant pas d’eau, ils eurent recours au tayammum et prièrent. Puis, ils trouvèrent de l’eau alors que le temps légal de la Prière ne s’était pas encore écoulé. L’un des deux refit la Prière et l’autre non. Lorsqu’ils informèrent le Prophète (ﷺ) de leur conduite, il les approuva tous les deux en disant à celui qui n’avait pas refait la Prière : « Tu as agi en conformité avec la Sunna et ta Prière est valide », et à celui qui l’avait refaite : « Tu es doublement récompensé ».
[1] – Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim
إنما الأعمال بالنيات [2] – La manière de manger fait partie de ce que le Prophète (ﷺ) faisait de par sa nature humaine. Elle ne fait donc pas partie de la Sunna à portée législative impliquant une obligation ou une recommandation. En revanche, le fait de manger avec la main droite est recommandé pour la majorité des jurisconsultes « fuqahâ’», obligatoire pour certains, dans la mesure où le Prophète (ﷺ) incita à le faire en disant : « Ne mangez pas avec la main gauche, car Satan mange avec la main gauche » (Muslim et Ahmad). D’après Salama Ibn Al-Akwa‘, que Dieu l’agrée, un homme mangea avec la main gauche en présence du Messager de Dieu (ﷺ) qui lui dit : « Mange avec ta main droite ! ». L’homme dit : « Je ne le peux pas ». Il lui dit : « Puisses-tu ne jamais le pouvoir ! ». Seul son orgueil l’a empêché de le faire. Et effectivement, il ne put plus porter sa main droite à sa bouche » (Muslim).