Avec la liberté de pensée et la liberté d’expression, la liberté religieuse est l’un des droits fondamentaux affirmés, garantis et défendus en islam. Le Coran proclame de manière claire, sans équivoque et sans ambiguïté que : « Pas de contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’errance. Donc, quiconque mécroit au rebelle tandis qu’il croit en Allah saisit alors l’anse la plus solide, sans brisure. Et Allah est Audient et Omniscient » (2 : 256).
Partant du principe de l’accomplissement du message, de la clarté des preuves, de l’objectivité de la raison et de la complétude des arguments, l’islam ne contraint personne à adhérer à sa croyance, ni à croire en son message.
Ce principe n’est autre que la conséquence du fait que Dieu ait honoré l’être humain, considéré sa volonté, sa pensée et ses émotions, et lui ait laissé le libre choix en matière de croyance ou d’errance tout en lui faisant assumer la responsabilité de son choix.
Et puisque la liberté de religion est l’un des droits de l’homme et une décision personnelle impliquant des responsabilités, le Coran s’est adressé aux gens en leur rappelant cette vérité, afin qu’ils choisissent leur voie d’une manière totalement volontaire. Dieu dit :
« Ceci n’est qu’un rappel pour l’univers, pour celui d’entre vous qui veut suivre le chemin droit. » (81 : 27 – 28).
« Ce jour-là est inéluctable. Que celui qui veut prenne donc refuge auprès de son Seigneur. » (78 : 39).
« Et dis : « La vérité émane de votre Seigneur. » Quiconque le veut, qu’il croie, quiconque le veut qu’il mécroie. » (18 : 29).
Muhammad al-Ghazâlî dit : « J’ai compté plus de cent versets contenant la liberté de religion, qui fondent l’édifice de la foi sur la conviction personnelle et excluent la contrainte par la voie d’une communication claire. Il s’agit de l’ordre qui est venu clôturer spécifiquement la sourate barâ-a (sourate 9), révélée en l’an 9H, disant au sujet des incroyants : « Alors, s’ils se détournent, dis : « Dieu me suffit. Il n’y a de divinité que Lui. En Lui je place ma confiance ; et Il est le Seigneur du Trône immense » » (9 : 129). C’est une clôture qui ne porte aucune odeur de contrainte »[1].
C’est pourquoi le Coran invite à croire en Dieu et à adhérer à la religion par l’unique voie de la sagesse et de la bonne exhortation : « Par la sagesse et la bonne exhortation appelle les gens au sentier de ton Seigneur » (16 : 125).
Le Coran interdit toute contrainte en matière de religion car la contrainte ne pourrait engendrer l’adhésion des cœurs ; elle n’engendre que l’hypocrisie. L’adhésion à l’islam ne peut se réaliser qu’après un choix libre, loin de toute pression psychologique ou physique. Il n’appartient à personne de contraindre les gens à croire, même s’il s’agit du Messager de Dieu (ﷺ). Le Coran proclame clairement : « Eh bien rappelle ! Tu n’es qu’un rappeleur, et tu n’es pas un dominateur sur eux » (88 : 21 – 22), « Nulle contrainte en matière de religion » (2 : 256), « Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (10 : 99).
Au contraire, le Coran propose aux non-musulmans un vivre ensemble fondé sur le respect mutuel : « Dis : « Ô vous incroyants ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma religion » » (sourate 109).
« A vous votre religion, et à moi ma religion » : ce verset fait du Coran le seul livre céleste qui reconnaît expressément l’autre ; qui reconnaît à l’autre le droit d’adhérer à une religion différente et d’exercer un culte différent ; qui accorde à celui qui ne partage pas la même religion le droit d’exister.
Ainsi, le Coran refuse que les gens deviennent musulmans par la force ou sous n’importe quelle forme de contrainte. Il n’existe dans le Coran aucun verset qui appellerait à convertir les gens par la force. Dieu dit dans la sourate « la famille d’Imrân » qui est une sourate médinoise[2] : « Dis : « Ô gens du Livre ! Venez à une parole commune entre nous et vous que nous n’adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns et les autres pour seigneurs en dehors de Dieu ». Puis, s’ils tournent le dos, dites : « Soyez témoins que nous, nous sommes soumis » » (3 : 64). Méditons la fin du verset : « Puis, s’ils tournent le dos », c’est-à-dire, s’ils refusent d’adhérer à la foi musulmane et la rejettent : « dites : « Soyez témoins que nous, nous sommes soumis ». Il n’ordonne pas de trancher les têtes ou de leur déclarer une guerre !
Il ne s’agit pas du seul verset qui dit cela au sujet de ceux qui réfutent l’islam, une dizaine de versets vont dans ce sens.
En effet, dans la même sourate, Dieu dit : « Et dis à ceux à qui le livre a été donné, ainsi qu’aux illettrés : « Avez-vous embrassé l’islam ? » S’ils embrassent l’islam, ils seront bien guidés. Mais, s’ils tournent le dos … Ton devoir n’est que la transmission (du message). Dieu, sur Ses serviteurs, est Clairvoyant » (3 : 20).
Dans la sourate « la lumière » qui est également médinoise, Dieu dit : « Dis : « Obéissez à Dieu et obéissez au Messager. S’ils se détournent… il (le Messager) n’est alors responsable que de ce dont il est chargé ; et vous assumez de ce dont vous êtes chargés. Et si vous lui obéissez, vous serez bien guidés ». Et il n’incombe au Messager que de transmettre explicitement (son message) » (24 : 54).
Dans la sourate « le repentir », qui fait partie des dernières révélations et que certains qualifient de violente, nous pouvons lire le verset suivant : « Certes un Messager pris parmi vous, est venu à vous, auquel pèsent lourd les difficultés que vous subissez, qui est plein de sollicitude pour vous, qui est compatissant et miséricordieux envers les croyants. Alors, s’ils se détournent, dis : « Dieu me suffit. Il n’y a de divinité que Lui. En Lui je place ma confiance ; et Il est le Seigneur du Trône immense » » (9 : 128 – 129).
La protection de la liberté religieuse, une finalité du jihâd :
Etant donné que la liberté religieuse est un fondement de la législation musulmane, cette dernière a non seulement interdit toute forme de contrainte, mais a, en même temps, chargé l’ensemble de la communauté de la responsabilité d’entretenir cette liberté, de la défendre, et d’empêcher d’obliger les adeptes des autres croyances à renoncer à leurs religions, même s’il faut pour cela, en dernier recours, utiliser la force. La protection des croyances et la diversité religieuse est l’une des finalités principales du jihâd. Dieu dit : « Ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, -contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Allah est notre Seigneur. »- Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué. » » (22 : 40).
A suivre…
Moncef ZENATI
[1] – jihâd ad-da’wa bayna ‘ajz ad-dâkhil wa kayd al-khârij.
[2] – J’ai tenu à préciser qu’il s’agit d’un verset médinois pour réfuter les controverses suscitées par certains ignorants qui consistent à dire que le Coran mecquois serait tolérant et que le Coran médinois serait intolérant et violent, appelant ensuite à se limiter au Coran mecquois !!!