La tradition prophétique enseigne que la miséricorde de Dieu embrasse toute chose. Dieu ne limite pas Sa miséricorde aux hommes seuls. Il regarde aussi les animaux avec amour et tendresse, considérant que comme les humains, ils forment également une communauté. Dieu dit : « Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. » (6 : 38). Ainsi, l’homme doit avoir des égards pour les animaux : ne pas les laisser manquer de nourriture, ni de boisson, ni les priver du repos nécessaire ; toute forme de maltraitance étant proscrite.
Plusieurs hadiths abondent dans ce sens :
Les compagnons et les gouverneurs après lui respectèrent religieusement cette attitude. En effet, ils réprimandaient quiconque maltraitait les animaux. L’imam Malik dit : « ‘Omar vit un âne chargé de briques. Il enleva deux briques de la charge. La propriétaire de l’âne vint et dit à ‘Omar : « Ô ‘Omar ! Qu’as-tu à voir avec mon âne ? As-tu une autorité sur lui aussi ? » Il dit : « Et pourquoi serais-je donc à cette place ? » [11]
Ibn Rushd (Averroès) dit en commentant la parole de ‘Omar, que Dieu l’agrée : « Le sens est en cela évident car l’Elu que la Paix soit sur lui dit : « Chacun de vous est un gardien, et chacun de vous est responsable de l’objet de sa garde. Ainsi, l’imam (au sens du responsable politique) est un gardien et il est responsable de l’objet de sa garde. »
C’est dans ce sens que ‘Omar dit : « Si un chameau perdu venait à mourir sur les côtes de l’Euphrate, je craindrais que Dieu me demande des comptes à son sujet. »
‘Abd ar-Razzaq rapporte d’après Ibn Sirin que ‘Omar vit un homme en train de traîner un mouton par le pied pour l’égorger. ‘Omar lui dit alors : « Malheur à toi ! Mène-le à la mort d’une belle manière ! »
‘Omar frappa un jour un transporteur et lui dit : « Pourquoi charges-tu ton chameau d’une charge qu’il ne peut supporter ? » [12]
‘Omar ibn ‘Abd al-‘Aziz écrivit à Ibn ‘Abd al-Hakam : « Ne transportez personne en utilisant une bride lourde, et ne piquez pas à l’aide d’une cravache portant une lamelle à l’extrémité. »
Il écrivit à Hayyan en Egypte : « On m’a informé qu’en Egypte il y a des chameaux qu’on utilise pour le transport de marchandises, ils peuvent porter des charges de mille livres. Dès réception de ma missive, je ne veux plus entendre qu’on porte sur le chameau plus de six-cents livres. »
Dans le chapitre des « dépenses » (nafaqat) des ouvrages du droit musulman, les jurisconsultes « fouqaha », ont abordé d’une manière détaillée les devoirs de l’être humain envers les animaux, d’une manière inimaginable pour l’époque. Ces études exhaustives n’ont pas été motivées par une utilité matérielle ou par un intérêt social (uniquement), comme dans le cas du droit positif. Au contraire, il s’agit d’une motivation purement morale qui consiste à lever toute forme d’injustice, de préjudice et de nuisance contre tout être vivant sensible à la douleur.
[1] – Rapporté par al-Boukhari
[2] – Rapporté par Abou Daoud et Ibn Khouzayma
[3] – Rapporté al-Boukhari
[4] – Rapporté par al-Boukhari et Mouslim
[5] – Rapporté par Mouslim
[6] – Rapporté par at-Tabarani et al-Hakim
[7] – Rapporté par al-Boukhari
[8] – Rapporté par Abou Daoud
[9] – Rapporté par Abou Daoud et at-Tirmidhi
[10] – Rapporté par Mouslim
[11] – Rapporté dans al-‘outbiyya
[12] – tabaqat, d’Ibn Sa’d