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Le Coran et la violence

J’ai vu un certain philosophe français médiatisé sillonner les plateaux télévisés (sans jamais faire face à un spécialiste pour lui donner la réplique) en brandissant une feuille contenant des passages coraniques (avec une certaine liberté dans la traduction) tels que: « exterminez les incrédules[1] jusqu’au dernier », « Ô Prophète encourage les croyants au combat », « Frappez-les sur le cou et aux jointures », « tuez-les là où vous les trouverez »… autant de passages qui, cités de cette façon, donnent la chair de poule et démontreraient, selon ce philosophe, que le Coran serait un livre violent, sanguinaire qui fait l’apologie de la violence. Or, citer des passages coraniques en les isolant de l’ensemble de l’énoncé (le fil du discours) et en faisant abstraction de leur contexte de révélation est une manipulation grotesque et une malhonnêteté intellectuelle déconcertante.

[1] – laissant entendre que le Coran appellerait à exterminer tous les non-musulmans, alors que le verset de la sourate « le butin » (en notant la mauvaise traduction qu’il utilise) concerne un contexte de guerre, à savoir la bataille de Badr. Le terme « incrédules » est limité aux idolâtres mecquois (l’ennemi) et ne peut être compris d’une manière générale.

Que dit vraiment le Coran à propos de la violence ? Que signifie la notion de « djihâd » en islam ?

Les médias et certains écrits occidentaux ont créé, le plus souvent volontairement et parfois par ignorance, une confusion entre « le djihâd », « la violence » et « le terrorisme ». Certains vont même jusqu’à déclarer que l’islam est intrinsèquement violent puisque le Coran justifierait et légitimerait, selon eux, la « guerre sainte ». D’autant que nous trouvons constamment dans la biographie du Prophète (ﷺ) le meurtre, le crime, l’épée, les expéditions punitives…

Or cette confusion n’a aucun lien avec le sens réel de cette notion dans le lexique de l’islam.

En effet, dans la conception musulmane, le « djihâd » correspond au fait de déployer son effort et son énergie dans tous les domaines de la réforme. Ainsi, l’appel à Dieu par la sagesse et la bonne exhortation est un « djihâd ». La réforme de l’éducation, de l’enseignement et de la culture est un « djihâd ». Le développement économique est un « djihâd ». L’établissement de la justice sociale et de la liberté est un « djihâd ». L’attention accordée aux pères, aux mères, aux conjoints et aux enfants est un « djihâd ». Le travail est « djihâd ». Se préoccuper de l’intérêt général est un « djihâd ». La justice et le respect des engagements à l’égard des musulmans et des non-musulmans est un « djihâd ». L’attention accordée aux animaux et à l’environnement est un « djihâd ». L’éducation de son âme et la purification spirituelle est un « djihâd ». Tous les domaines de la réforme sont, dans la conception musulmane, un « djihâd » dans la voie de Dieu. Dans ce sens, « la lutte » (djihâd) dans la voie de Dieu veut dire mobiliser toutes les forces humaines, diriger tous ses efforts, donner de ses biens et de sa personne pour venir à bout de toutes ces adversités que sont l’injustice, la pauvreté, l’analphabétisme, la délinquance et l’exclusion »[1].

Le terme « djihâd » intervient, le plus souvent, dans le Coran au sens du déploiement de l’effort et non pas au sens de « guerre ». D’ailleurs, le verset qui qualifie le « djihâd » de « grand djihâd » entend par-là le « djihâd par le Coran », c’est à dire, par l’argumentation, et non pas par la violence ni par la guerre : « N’obéis pas aux infidèles (ennemis) ; et avec ceci (le Coran) fournis contre eux « un grand djihâd » (25 : 51).

Quant au « djihâd » au sens de « guerre », il désigne la guerre défensive ; la légitime défense armée, ce qui rejoint finalement le troisième article du préambule de la déclaration des droits de l’homme considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit, pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression. En ce sens le « djihâd » signifie le devoir de résistance.

Ainsi, le djihâd n’est pas une position dogmatique contre les incroyants. Il s’agit d’une position éthique contre les injustes. L’islam n’a pas considéré la différence de religion comme une cause légitime permettant le combat. En islam, le djihâd ne correspond pas au fait de combattre l’incroyant. Il correspond plutôt au fait de combattre l’injuste, qu’il soit musulman ou incroyant. Il s’agit donc d’une position éthique en faveur de la justice et de la liberté, contre l’injustice et l’oppression. Le combattant (mujâhid) combat l’injuste pour son injustice, non pas pour sa croyance ou sa pensée. C’est pourquoi parmi les formes de djihâd ordonnées par l’islam figurent : le combat de l’agresseur musulman, le repoussement du briguand musulman, et l’opposition à l’injuste musulman.

[1] – Tariq Ramadan, l’islam, face à face des civilisations, ed Les deux rives

L’islam et la guerre

En islam, l’appel à croire en Dieu et à la religion doit se faire par l’unique voie de la sagesse et de la bonne exhortation : « Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle les gens au sentier de ton Seigneur » (16 : 125), car en matière de conviction des cœurs, le Messager de l’islam (ﷺ) ne pourrait être dominateur et ne pourrait guider qui il veut : « Eh bien rappelle ! Tu n’es qu’un rappeleur, et tu n’es pas un dominateur sur eux » (88 : 21 – 22). En effet, convertir les cœurs ne peut se faire qu’en observant cette voie car la contrainte n’engendre que l’hypocrisie et non pas la foi et l’adhésion du cœur. C’est pourquoi le Coran proclame : « Nulle contrainte en matière de religion » (2 : 256).

Mais face aux empires conquérants de l’époque qui ont fait de la guerre une deuxième nature considérant la guerre comme l’unique moyen d’expansion et de progrès, le Coran a instauré la guerre bien qu’elle soit désagréable ; en tant qu’exception et non pas en tant que principe. Il s’agit d’une nécessité qui doit être mesurée à sa juste valeur et non pas d’un moyen assurant le progrès des nations, le développement des sociétés et l’épanouissement des civilisations : « Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable » (Sourate 2, Verset 216). Cette philosophie coranique fut confirmée par la tradition prophétique (Sunna). Le Prophète (ﷺ) dit : « N’espérez pas la rencontre de l’ennemi. Implorez plutôt Dieu pour la sauvegarde. Mais si vous le rencontrez, alors résistez, et invoquez Dieu en abondance »[1].

C’est dans le cadre de cette voie pacifique dans la prédication que l’islam a proposé aux non-musulmans un vivre ensemble fondé sur le respect mutuel : « Dis : « Ô vous incroyants ! Je n’adore pas ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. Je ne suis pas adorateur de ce que vous adorez. Et vous n’êtes pas adorateurs de ce que j’adore. A vous votre religion, et à moi ma religion » » (Sourate 109).

L’islam est allé jusqu’à gracier ceux qui ont commis des crimes à l’encontre des musulmans, leur offrant la liberté de choisir. En effet, lorsqu’il entra victorieux à la Mecque en l’an huit de l’Hégire (629), le Prophète (ﷺ) dit aux idolâtres de la Mecque, en dépit des crimes qu’ils avaient commis: « Pas de récrimination contre vous aujourd’hui! Que Dieu vous pardonne » (12 : 92), « Allez, vous êtes libres ! ».

Par ailleurs, l’Etat musulman, constitué suite à l’émigration en l’an un de l’Hégire (622), une fois doté d’une souveraineté, d’une communauté, de lois, de systèmes administratifs et d’une armée, ne s’est pas écarté de cette voie pacifique dans la prédication, limitant ainsi toutes ses guerres à des guerres défensives : « Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes Allah n’aime pas les transgresseurs » (2 : 190), « Et s’ils cessent donc, plus d’hostilité, sauf contre les injustes » (2 : 193), « Quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui à transgression égale. Et craignez Allah » (2 : 194), « Autorisation est donnée de se défendre à ceux qui sont attaqués car vraiment ils sont lésés » (22 : 39).

Et même les versets de la sourate « le repentir » auxquels les détracteurs s’accrochent en disant qu’ils représentent la façade guerrière et violente de l’islam, ceux-ci font une distinction entre :

  • les idolâtres respectant les engagements et les accords : dans ce cas, les versets appellent les musulmans au respect des conventions conclues avec ces idolâtres : « A l’exception des polythéistes avec lesquels vous avez conclu un pacte, puis ils ne vous ont pas manqué en rien, et n’ont soutenu personne à lutter contre vous; respectez pleinement le pacte conclu avec eux jusqu’au terme convenu. Dieu aime les pieux » (9 : 4).
  • et les idolâtres qui ne respectent aucun engagement et qui « ne respectent, à l’égard d’un croyant, ni parenté ni pacte conclu. Et ceux-là sont les transgresseurs » (9 :10).

Le combat dont il s’agit ici est en vue de repousser l’agression de ceux qui ne respectent aucun pacte, qui sont les transgresseurs, qui combattent les croyants pour les faire renoncer à leur foi et qui les chassent de chez eux : « Ne combattez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et alors que ce sont eux qui ont attaqué les premiers » (9 : 13).

Ainsi, pour l’Etat musulman, le critère qui détermine la paix ou la guerre, n’est pas « l’incroyance » mais la transgression de l’ennemi. C’est ce critère qui détermine la relation entre l’islam et les incroyants ou les négateurs : « Il se peut que Dieu établisse de l’amitié entre vous et ceux d’entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Dieu est Omnipotent et Dieu est Pardonneur et Très Miséricordieux. Dieu ne vous défend pas d’être bons et équitables envers ceux qui ne vous attaquent pas à cause de votre religion et qui ne vous expulsent pas de vos foyers. Dieu aime ceux qui sont équitables. Mais Il vous interdit toute liaison avec ceux qui vous combattent à cause de votre religion, qui vous chassent de vos foyers, ou qui contribuent à le faire. Une telle alliance constituerait une véritable injustice » (60 : 7 – 9).

D’ailleurs, le Prophète (ﷺ) a conclu un pacte avec les chrétiens de Najrân et tous ceux qui partageaient la même religion dans lequel on peut lire : « Ils ont les mêmes droits que les musulmans. Ils ont les mêmes devoirs que ceux des musulmans, et les musulmans ont les mêmes devoirs qu’eux, jusqu’à ce qu’ils soient associés aux musulmans dans les droits et devoirs ». Avant ceci, il conclut un pacte avec les tribus juives de Médine, dès son arrivée à Médine, garantissant leur liberté religieuse et leur assurant une citoyenneté égalitaire.

Par conséquent, les textes coraniques et prophétiques indiquent explicitement que la seule motivation au combat est le fait de repousser l’agression, sans aller au-delà de ce qui est nécessaire pour la repousser, en usant des mêmes moyens que l’agresseur : « Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes Allah n’aime pas les transgresseurs » (2 : 190), « Quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui à transgression égale. Et craignez Allah » (2 : 194).

Quant au hadith, souvent mal compris : « J’ai reçu pour commandement de combattre les gens (al-nâs) jusqu’à ce qu’ils attestent qu’il n’est de Dieu que Dieu … », l’article défini « ال» (al-nas) dans le hadith est « al al-‘ahd » (qui exprime une particularité) et non pas « al al-jins » (qui exprime la généralité ou le genre). L’article « al al-‘ahd » désigne une chose qui est préalablement connue de celui qui parle et connue de l’interlocuteur, c’est donc le contexte qui désigne cette chose. Ainsi, le terme « al-nâs » (les gens) ici, désigne les idolâtres mecquois en guerre contre le Prophète (saws) et contre les musulmans. On ne peut donc généraliser cette expression pour l’étendre à tous les non-musulmans du monde ! L’autre version de ce hadith confirme cette analyse puisque qu’on y lit : « J’ai reçu pour commandement de combattre les idolâtres (c’est à dire de l’Arabie) », de même que l’interdiction de combattre parmi les idolâtres ceux qui ne combattent pas les musulmans, à l’instar de ceux qui ont conclu un pacte, les femmes, les enfants, les handicapés, les hommes religieux… Par conséquent, ce hadith ne pourrait servir d’argument pour légitimer le combat des non-musulmans pour la seule raison de leur incroyance. Le terme « Les gens » (al-nâs) désigne l’ennemi combattant parmi les idolâtres. D’autant que les hadiths prophétiques viennent exposer les enseignements du Coran qui déclare : « Nul contrainte en matière de religion » (2 : 256), étant donné que la contrainte ne fait pas convertir les cœurs.

[1] – Rapporté par ad-Dârami

Les étapes de l’établissement du combat en islam

Les musulmans ont connu à la Mecque une situation de faiblesse et de persécutions. Le seul moyen dont ils disposaient pour répondre à l’agression était la patience et l’endurance. Le combat n’était pas d’actualité.

Puis après l’émigration à Médine, l’islam devint doté d’un Etat. La révélation donna alors « l’autorisation » de se défendre contre les agresseurs et contre ceux qui avaient chassé les musulmans de chez eux : « Dieu prend la défense de ceux qui croient. Dieu n’aime aucun traître ingrat. Autorisation est donnée de se défendre à ceux qui sont attaqués car vraiment ils sont  lésés ; et Dieu est certes Capable de les secourir. Ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Dieu est notre Seigneur » Si Dieu ne repoussait pas les gens les uns par les autres, des ermitages seraient démolis, ainsi que des églises, des synagogues, et des mosquées où le nom de Dieu est abondamment évoqué » (22 : 38 – 40).

Ainsi, lorsque Dieu a autorisé le combat aux croyants, Il a fait de leur expulsion de leurs demeures la raison principale motivant l’autorisation du combat.

Jusqu’à l’an sept de l’Hégire, les musulmans avaient mené une vingtaine de batailles. Pendant tout ce temps, leur combat était régi par l’autorisation de se défendre pour repousser les agresseurs.

En l’an sept de l’Hégire, lorsque les musulmans se dirigèrent vers la Mecque pour accomplir la ‘Umra (petit Pèlerinage) de rattrapage (qadâ) conformément aux termes du pacte d’al-Hudeybiya conclu l’année d’avant, ils redoutaient la trahison des mecquois. En effet, ils étaient sur le point d’entrer à la Mecque en état de sacralisation, désarmés, pendant les mois sacrés au cours desquels tout combat était prohibé, en un lieu sacré dans lequel le combat était interdit. Qu’est-ce qui empêcherait la trahison des mecquois dans ce contexte délicat ? Face à cette inquiétude, Dieu révéla « l’ordre » de se battre au cas où les mecquois vennaient à violer le pacte, permettant aux musulmans de combattre l’ennemi, fut-ce pendant les mois sacrés et à la mosquée sacrée : « Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes Dieu n’aime pas les transgresseurs. Et tuez-les où que vous les rencontriez ; et chassez-les d’où ils vous ont chassés : l’associationnisme est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des incroyants (ennemis). S’ils cessent donc, plus d’hostilité, sauf contre les injustes. Le mois sacré pour le mois sacré ! Le talion s’applique à toutes choses sacrées. Donc quiconque transgresse contre vous, transgressez contre lui à transgression égale. Et craignez Dieu. Et sachez que Dieu est avec les pieux » (2 : 190 – 194).

Ainsi, l’évolution du statut du combat de l’autorisation à l’ordre est fortement liée à l’expulsion des musulmans de leurs demeures et au droit de retour.

Puis, lorsque le Coran fit du combat des agresseurs une « obligation » pour les musulmans, il continua à justifier ceci par la question essentielle qui est l’expulsion de leurs demeures : « Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Dieu qui sait, alors que vous ne savez pas. Ils t’interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les mois sacrés. Dis : » Y combattre est un péché grave, mais plus grave encore auprès de Dieu est de faire obstacle au sentier de Dieu, d’être impie envers Celui-ci et la Mosquée sacrée, et d’expulser de là ses habitants » (2 : 216 – 217).

Ainsi fut la règle dans le Coran. A chaque fois qu’il appelait les musulmans au combat, il en rappelait la cause principale, à savoir, l’expulsion de leurs demeures ; une cause qui mérite le sacrifice, l’endurance et la patience face aux difficultés. A aucun moment, le Coran a appelé au combat pour propager la religion en enracinant la foi dans les cœurs par la force. A aucun moment, le Coran n’a instauré le combat pour punir les idolâtres qui refusaient de se convertir à la nouvelle religion qui est l’islam.

En effet, le Coran rappelle au Prophète (ﷺ) le complot des notables de Quraysh contre lui pour l’expulser de son pays, la Mecque : « Et rappelle-toi le moment ou les incroyants complotaient contre toi pour t’emprisonner ou t’assassiner ou te bannir » (8 : 30).

Dans un autre verset, il lui dit : « En vérité, ils ont failli t’inciter à fuir du pays pour t’en bannir. Mais dans ce cas, ils n’y seraient pas restés longtemps après toi » (17 : 76).

Dans un autre verset, le Coran évoque le crime des qurayshites qu’est le bannissement du Prophète (ﷺ) de sa cité : « Et que de cités, bien plus fortes que ta cité qui t’a expulsé, avons-Nous fait bannir » ( 47 : 13).

En incitant les croyants au combat, le Coran leur rappelle que ces idolâtres les ont expulsés de chez eux, et que c’est pour cette raison qu’il faut les combattre: « Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager, alors que ce sont eux qui vous ont attaqué les premiers ? Les redoutiez-vous ? C’est Dieu qui est plus digne de votre crainte si vous êtes croyants. Combattez-les, Dieu, par vos mains, les châtiera, les couvrira d’ignominie, vous donnera la victoire sur eux et apaisera les poitrines d’un peuple croyant » (9 : 13 – 14).

Dans d’autres versets, le Coran blâme les croyants et les incite au combat en leur rappelant cette question cruciale : « Ô vous qui avez cru, qu’avez-vous ? Lorsque l’on vous a dit : « Elancez-vous dans le sentier de Dieu », vous vous êtes appesantis sur la terre. La vie présente vous agrée-t-elle plus que l’au-delà ? Or, la jouissance de la vie présente ne sera que peu de chose, comparée à l’au-delà! Si vous ne vous lancez pas au combat, Il vous châtiera d’un châtiment douloureux et vous remplacera par un autre peuple. Vous ne Lui nuirez en rien. Et Dieu est Omnipotent. Si vous ne lui portez pas secours… Dieu l’a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécru l’avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon : « Ne t’afflige pas, Dieu avec nous », Dieu fit alors descendre sur lui Sa sérénité et le soutint de soldats que vous n’avez pas vus » (9 : 38 – 40).

Ainsi, à chaque fois qu’il évoque le combat, le Coran en rappelle la raison essentielle : le fait que les idolâtres les aient expulsés de chez eux. Le Coran incite les croyants à combattre pour libérer leur pays de la domination de ceux qui les ont bannis. La prise de la Mecque en l’an huit de l’Hégire était en réalité une libération politique. En effet, les musulmans n’ont pas imposé l’islam aux habitants de la Mecque. Ils ont laissé le choix aux Mecquois pour que la foi fraye son chemin vers les cœurs, par la persuasion et la conviction. Sans même attendre leur conversion, le Prophète (ﷺ) dit aux mecquois vaincus : « « Pas de récrimination contre vous aujourd’hui ! Que Dieu vous pardonne » (12 : 92), « Allez, vous êtes libres ! » ». Il n’a pas puni ceux qui ont fondu en larmes en voyant leurs idoles se faire briser. Par conséquent ce que les musulmans ont imposé à la Mecque, ce n’est pas la « foi », mais la « libération » du pays confisqué par les idolâtres depuis huit ans.

Cela prouve que la motivation principale du combat en islam est purement politique. En islam, le combat n’a jamais été un moyen d’imposer la religion ou de convertir les cœurs.

En guise de conclusion, nous pouvons affirmer en toute tranquillité que la notion de « djihâd » est plus vaste que le combat car il correspond au fait de déployer tous les efforts dans les différents domaines de la vie. Il signifie également le fait de résister à toutes les agressions de l’ennemi par le combat ou par tout autre moyen. Lorsque Dieu révéla les versets suivants : « Et quant aux poètes, ce sont les égarés qui les suivent. Ne vois-tu pas qu’ils divaguent dans chaque vallée, et qu’ils disent ce qu’ils ne font pas » (26 : 224 – 226), le compagnon Ka’b ibn Mâlik, qui était poète, dit au Prophète (ﷺ): « Dieu a révélé à propos des poètes ce que tu sais, qu’en penses-tu ? » Le Prophète (ﷺ) dit : « Le croyant combat avec l’épée et avec la langue »[1]. Malheureusement, le terme « djihâd » s’est vu limité, chez les musulmans et chez les non-musulmans, au combat armé, or le combat n’en est qu’une forme. Et cette forme de djihâd combatif n’est pas un moyen d’imposer la religion ou d’ancrer la foi dans les cœurs. Il n’est qu’un moyen utilisé en tant que légitime défense. Plus généralement, l’islam appelle à combattre toute forme d’injustice, même s’il s’agit de musulmans. Dieu dit : « Et si deux groupes de croyants se combattent, faites la conciliation entre eux. Si l’un d’eux agresse injustement l’autre, combattez le groupe qui transgresse, jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre de Dieu. Puis, s’il s’y conforme, réconciliez-les avec justice et soyez équitables car Dieu aime les équitables » (49 : 9).

Mohamed ‘Abdu dit à juste titre : « Dans ce sens, le djihâd fait partie de la religion. C’est à dire qu’il ne fait partie ni de sa quintessence ni de ses finalités. Il n’est qu’une barrière protectrice. Il s’agit donc d’une question politique inhérente à la religion dictée par la nécessité. Nulle considération ne doit être accordée à la divagation du commun des gens ni à leurs professeurs stupides qui prétendent que la religion s’est établie par l’épée et que le djihâd (combatif) est demandé en soi. Le Coran, dans sa généralité et dans ses détails, est une preuve contre eux »[2].

[1] – rapporté par Ahmed

[2] – al-a’mâl al-kâmila lil-imâm Mohamed ‘Abdu, (les œuvres complètes de Mohamed ‘Abdou), 4/732 – 733

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Islam Tout Simplement
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