L’islam vise à construire une nation fondée sur une foi, sur une idée, non pas sur des considérations matérielles telles que l’ethnie, la couleur, la langue ou la région.
La communauté (oumma) que le Coran veut établir a quatre caractéristiques.
De source divine et de vocation divine (rabbaniyya)
C’est une communauté née de la révélation, choyée par ses enseignements et ses prescriptions jusqu’au parachèvement de sa religion : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. » (5 : 3).
C’est donc Dieu qui a créé cette communauté. C’est pourquoi le Coran dit : « Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes » (2 : 143). L’expression « Nous avons fait de vous » indique que c’est Dieu qui a fait cette communauté.
De même, lorsque Dieu dit : « Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. » (3 : 110). L’expression « qu’on ait fait surgir » indique qu’il existe quelqu’un qui l’a fait surgir. L’apparition de cette communauté n’est pas le fruit du hasard. C’est donc Dieu qui l’a faite surgir et l’a préparée afin qu’elle puisse porter Son message.
D’autre part, cette communauté est de source divine puisque sa référence est divine. Ses croyances, Ses conceptions, Ses lois, sont toutes tirées de la révélation. Cela ne veut pas dire que l’islam appelle à l’instauration d’une théocratie, c’est-à-dire, une société dans laquelle le gouvernement est exercé par l’autorité religieuse. En islam, l’Etat est civil, son gouvernement est composé des membres de la société civile, mais sa référence est religieuse.
La communauté que le Coran veut construire est donc une communauté de source divine (rabbaniyyat al-masdar). Elle est aussi de vocation divine (rabbaniyyat al-ghaya), dans le sens où elle vit pour Dieu, pour l’adoration de Dieu, selon la voie de Dieu. C’est donc une communauté créée par Dieu, pour Dieu : « Dis : « En vérité, ma Salat, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allah, Seigneur de l’Univers. » (6 : 162).
Le juste milieu (al-wasatiyya)
Dieu dit : « Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins aux gens » (2 : 143).
Il s’agit d’un juste milieu et d’un équilibre dans tous les domaines : un juste milieu dans la croyance et les conceptions, un juste milieu dans le culte et l’adoration, un juste milieu dans l’éthique et la morale, un juste milieu dans le domaine législatif, un juste milieu dans la pensée et les émotions.
C’est également un juste milieu et un équilibre entre le spirituel et le profane, entre l’idéalisme et le réalisme, entre la rationalité et la spiritualité, entre l’individu et la société, entre l’immuable et le muable…
Une communauté de témoignage (qui témoigne de sa foi)
C’est une communauté porteuse d’un message qui témoigne de son message ; une communauté porteuse d’une foi, qui témoigne de sa foi. Ce n’est donc pas une communauté fermée qui se replie sur elle-même, qui garde son message pour elle, refusant de le présenter et de le communiquer aux autres. Au contraire, le témoignage de sa foi, la communication de son message, le commandement du bien et la prohibition du mal sont pour elle une obligation : « Vous êtes la meilleure communauté, qu’on ait fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le blâmable et croyez à Allah. » (3 : 110).
Cette communauté ne mérite pas d’être la meilleure pour un facteur ethnique ou matériel. Elle est la meilleure si en plus de sa croyance en Dieu, elle appelle au bien et interdit le mal. Et à la tête de l’appel au bien figurent certainement la présentation et la communication du message qu’elle porte à toute l’humanité.
L’unité
La communauté à laquelle aspire le Coran, est une communauté unie, même si elle est composée de différentes ethnies, couleurs et classes sociales. L’islam est venu effacer tous ces facteurs de division et lier tous les membres de la communauté par un lien indéfectible. Dieu dit :
« Certes, cette communauté qui est la vôtre est une communauté unique, et Je suis votre Seigneur. Adorez-Moi donc. » (21 : 92).
« Cette communauté, la vôtre, est une seule communauté, tandis que Je suis votre Seigneur. Craignez-Moi donc ». (23 : 52).
Il s’agit d’une communauté qui a le même Dieu, le même prophète (Mohammad ﷺ), le même Livre (le Coran), la même qibla, la même Loi, la même patrie (la demeure de l’islam aussi vaste soit-elle), la même gouvernance symbole de l’unité.
Ce n’est pas une communauté divisée en plusieurs communautés : « Et cramponnez-vous tous ensemble au : « Habl » (câble) d’Allah et ne soyez pas divisés » (3 : 103).
« Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues, et ceux-là auront un énorme châtiment. » (3 : 105).
Ceci-dit, la notion de communauté (oumma) ne nie pas la particularité des peuples. En effet, croire en la communauté de foi ou en la fraternité de foi, qui englobe en son sein tous les musulmans là où ils se trouvent, ne nie pas l’existence de quelques particularités d’ordres culturelles et linguistiques auxquelles certains peuples sont attachés, tant que ceci ne se transforme pas en un chauvinisme ethnique qui s’oppose à la fraternité musulmane, ou en une tendance séparatiste qui menace l’unité de la communauté musulmane.