La société vertueuse est celle qui crée des liens entre ses individus sur la base des valeurs et des enseignements de l’islam,
faisant de ceux-ci le message pour lequel elle vit et le pilier central de son existence.
La société vertueuse est celle qui crée des liens entre ses individus sur la base des valeurs et des enseignements de l’islam,
faisant de ceux-ci le message pour lequel elle vit et le pilier central de son existence.
La société musulmane n’est pas fondée sur une nationalité ou une ethnie. C’est une société croyante, une société fondée sur une idée, une croyance. Ainsi, la croyance musulmane constitue le fondement idéologique de cette société.
La société musulmane peut être constituée de différentes ethnies, nationalités, couleurs, langues ou classes sociales, mais toutes ces différences disparaissent devant l’unité de la foi « Les croyants ne sont que des frères » (49 : 10).
Qu’elles soient spirituelles et cultuelles comme la prière, le jeûne, la zakât, le pèlerinage, l’invocation, l’imploration, la récitation du Coran, ou mondaines comme l’effort fourni pour la recherche de la subsistance, toute action utile pour les hommes et la planète.
Le Coran a associé les bonnes actions à la foi dans plus de soixante-dix versets, comme par exemple : « Ceux qui croient et font de bonnes œuvres… vraiment Nous ne laissons pas perdre la récompense de celui qui fait le bien. » (18 : 30). Le Prophète (ﷺ) dit : « Le meilleur des hommes, est le plus utile aux hommes »[1].
Il s’agit de l’un des fondements de l’islam. L’islam ne se contente pas de l’individu vertueux en soi en ne se préoccupant pas de la corruption d’autrui. L’individu véritablement vertueux aux yeux de l’islam est celui qui se réforme lui-même et tente de réformer les autres par l’appel à Dieu, le commandement du bien et la prohibition du mal. Dieu dit : « Que soit issue de vous une communauté qui appelle au bien, ordonne le convenable et interdit le blâmable, et ce seront eux qui réussiront » (3 : 104). Le Prophète (ﷺ) dit : « Quiconque est témoin d’un mal qu’il le change avec sa main, s’il ne peut pas, avec sa langue, s’il ne peut pas, alors avec son cœur et c’est là le degré inférieur de la foi »[2].
Dans le sens de mobiliser toutes les forces humaines, diriger tous ses efforts, donner de ses biens et de sa personne pour venir à bout de toutes ces adversités que sont l’injustice, la pauvreté, l’analphabétisme, la délinquance et l’exclusion[3]. C’est également au sens de la lutte pour la justice, pour le droit, pour la liberté contre les colonisations injustes et leurs agressions caractérisées. Dans le sens de la légitime défense armée, cette définition rejoint finalement le troisième considérant du préambule de la déclaration des droits de l’homme : « Considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l’oppression ». En ce sens, le « Jihad » signifie le devoir de résistance.
La justice, l’excellence, la bienfaisance, les liens de parenté, l’entraide dans l’accomplissement des bonnes œuvres, le respect de l’ordre, la véracité, la chasteté, le respect du dépôt et des engagements, la sincérité, la modération dans la pauvreté et dans la richesse, la patience face à l’épreuve, s’abstenir de nuire aux autres avec ses mains ou sa langue, la pureté du cœur de la jalousie, de l’ostentation, de l’orgueil, de l’hypocrisie, de l‘attachement à ce bas-monde et toutes les maladies de l’âme… Autant de valeurs sans lesquelles la société musulmane ne peut s’établir.
Ils font partie des fondements de la société musulmane. Il s’agit de l’un des fruits les plus importants de la foi qui lie les individus de cette société : « Les croyants ne sont que des frères» (49 : 10). Le degré le plus bas de la fraternité est la pureté du cœur de la haine et de la jalousie que le hadith qualifie de « fléaux des peuples avant vous ». Il qualifie la haine de « celle qui coupe », sauf qu’elle ne coupe pas les cheveux mais la religion. Dieu a fait l’éloge des générations qui ont suivi fidèlement celle des compagnons en disant : « Et [il appartient également] à ceux qui sont venus après eux en disant : « Seigneur, pardonne-nous, ainsi qu’à nos frères qui nous ont précédés dans la foi ; et ne mets dans nos cœurs aucune rancœur pour ceux qui ont cru. » » (59 : 10).
Le degré le plus haut de la fraternité est l’altruisme (al-îthâr), faire passer les besoins de son prochain avant ses propres besoins. Dieu a fait éloge de la société des compagnons en mettant en avant cette caractéristique : « et qui [les] préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. » (59 : 9).
Ceci est l’un des fruits de la véritable fraternité exprimée de la meilleure des façons dans le hadith suivant : « L’image des croyants dans les liens d’amour, de miséricorde et de compassion qui les unissent les uns aux autres est celle du corps : dès que l’un de ses membres se plaint d’un mal, tout le reste du corps réagit par l’insomnie et la fièvre »[4].
Le Prophète (ﷺ) dit aussi : « Ceux qui font miséricorde, Dieu leur fera miséricorde. Faites miséricorde à ceux qui sont sur Terre, Celui qui est au ciel vous fera miséricorde »[5].
La compassion et la miséricorde sont d’autant plus exigées en faveur des plus faibles : les orphelins, les pauvres, les nécessiteux, les personnes aux besoins spécifiques. D’ailleurs, le Coran assimile l’abandon de ces gens à l’incroyance et à la réfutation du jour du jugement dernier : « Vois-tu celui qui traite de mensonge la Rétribution ? C’est bien lui qui repousse l’orphelin, et qui n’encourage point à nourrir le pauvre. » (107 : 1 – 3). Il a blâmé la société jahilienne[6] en disant : « Mais non ! C’est vous plutôt, qui n’êtes pas généreux envers les orphelins ; qui ne vous incitez pas mutuellement à nourrir le pauvre » (89 : 17 – 18).
Le Coran nous expose une scène parmi les scènes du Jour de la Résurrection : « Quant à celui à qui on aura remis le Livre en sa main gauche, il dira : « Hélas pour moi ! J’aurai souhaité qu’on ne m’ait pas remis mon livre, et ne pas avoir connu mon compte… Hélas, comme j’aurai souhaité que [ma première mort] fût la définitive. Ma fortune ne m’a servi à rien. Mon autorité est anéantie et m’a quitté ! » « Saisissez-le ! Puis, mettez-lui un carcan ; ensuite, brûlez-le dans la Fournaise ; puis, liez-le avec une chaîne de soixante-dix coudées, car il ne croyait pas en Allah, le Très Grand. Et n’incitait pas à nourrir le pauvre. » (69 : 25 – 34). Il a cité séparément l’incroyance en Dieu et la non incitation à nourrir le pauvre pour attirer l’attention sur le fait que la dureté envers les pauvres est un crime abominable.
Il s’agit d’une traduction pratique de la fraternité et de la compassion : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression.» (5 : 2). Le Prophète (ﷺ) donne une image de cette entraide et de ce soutien en disant : « Le croyant est pour le croyant comme l’édifice dont les parties se soutiennent mutuellement »[7].
L’entraide englobe tous les individus de la société, les uns avec les autres, mais également entre le gouvernant et les gouvernés, à l’instar de l’entraide entre Dhû al-Qarnayn et le peuple qui a sollicité son aide comme l’évoque le Coran : « Aidez-moi donc avec votre force et je construirai un remblai entre vous et eux. » (18 : 95).
De manière à ce que le fort prenne en charge le plus faible et que le riche pourvoit aux besoins du pauvre. Aucun indigent et aucune personne souffrant d’incapacité ne doit se sentir lésé dans la société. La zakât constitue la solidarité minimale : « Prélève de leurs biens une sadaqa par laquelle tu les purifies et les bénis » (9 : 103). Lorsque Le Prophète (ﷺ) envoya Mu’âdh ibn Jabal au Yémen il lui donna des recommandations dont : « … informe-les que Dieu leur a prescrit une aumône relative à leurs biens, prélevée de leurs riches et redistribuée à leurs pauvres… »[8].
Mais il existe d’autres droits relatifs aux biens, le droit du voisin sur son voisin, notamment. Le but étant de créer une solidarité complète entre tous les individus de la société dans l’aisance et dans la difficulté.
Le Prophète (ﷺ) dit : « N’est pas croyant, celui qui s’endort, la nuit, rassasié, alors que son voisin, à côté de lui, a faim »[9].
Par ailleurs, la solidarité musulmane englobe tous les domaines de la vie, matériels et moraux.
Cela relève de la solidarité morale qui rend le musulman responsable de tous ceux qui sont autour de lui. Il les conseille et accepte leurs conseils. Ils s’enjoignent mutuellement la vérité et la patience. Nul dans la société serait au-dessus de recevoir un conseil ou une critique et nul ne serait au-dessous de promulguer un conseil ou de critiquer. Ceci fait partie des fondements de l’islam et constitue une exigence de la foi : « Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance. » (Sourate 103), « Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable » (9 : 71).
Le Prophète (ﷺ) dit : « La religion, c’est le bon conseil « an-nasîha » ». Nous dîmes : « Envers qui ? » Il dit : « Envers Dieu, Son Livre, Son Messager, les dirigeants des musulmans et l’ensemble de la communauté musulmane »[10] , « le croyant est le miroir du croyant »[11].
La société musulmane est une société pure qui éduque ses enfants à la pureté. Elle interdit toute forme de turpitude extérieure ou intérieure et considère l’alcool et les jeux d’argent comme étant une abomination, œuvre de Satan. C’est une société qui commande aux croyants et aux croyantes de baisser leur regard et préserver leur chasteté et interdit l’exhibition.
La société musulmane n’est pas une société angélique. Mais quiconque se trouve éprouvé par le péché doit se cacher et ne pas le manifester ouvertement pour en réduire l’effet. Il devra par la suite s’en repentir : « Allah aime ceux qui se repentent, et Il aime ceux qui se purifient » (2 : 222).
Il s’agit de la justice dans les différents rapports entre les gens. La justice est une obligation, l’injustice est illicite. Dieu dit dans le hadith qudsi : « Ô Mes serviteurs ! Je Me suis interdit à Moi-même l’injustice, de même, Je l’interdis entre vous »[12].
Cela englobe la justice économique et sociale qui empêche les plus forts de profiter des plus faibles, qui œuvre à mettre une limite à la dominance des plus riches et à élever le niveau de vie des plus pauvres.
C’est également une justice judiciaire qui préserve les droits de chacun, qui applique le droit à tous les individus, y compris les gouvernants, et refuse les passe-droits.
La société musulmane visée par l’islam est une société qui est caractérisée par le progrès. Ce n’est pas une société caractérisée par la décadence ou par la régression. Mais il s’agit d’un progrès qui présente une complémentarité et un équilibre entre le matériel et le spirituel, entre la morale et l’industrie, entre la science et la foi, entre la liberté et la responsabilité, entre le bas-monde et l’au-delà.
[1] – rapporté par ad-Dârâqutni
[2] – rapporté par Muslim
[3] – Tariq Ramadan, L’islam, face à face des civilisations Ed. Les deux rives.
[4] – rapporté par al-Bukhâri et Muslim
[5] – rapporté par Ahmed, Abû Dâwûd, at-Tirmidhi et al-Hâkim
[6] – la société d’Arabie avant l’islam
[7] – rapporté par al-Bukhâri et Muslim
[8] – rapporté par al-Bukhâri et Muslim
[9] – rapporté par at-Tabarâni, al-Hâkim et al-Bayhaqi
[10] – rapporté par Muslim
[11] – rapporté par at-Tabarâni
[12] – rapporté par Muslim