Construction de la famille vertueuse

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Construction de la famille vertueuse

L’islam a fait de la construction de l’individu vertueux un objectif principal de son message parce qu’il constitue la pierre angulaire de la construction de la société.
C’est dans le même esprit que l’islam vise à construire la famille vertueuse car elle constitue la cellule première et indispensable pour l’établissement de la société vertueuse. En effet, c’est dans la famille que l’individu reçoit des valeurs morales et spirituelles telles que la foi, l’amour, le respect, la justice, la miséricorde, l’égalité, la solidarité, la fraternité, la liberté…

Par ailleurs, le mariage, qui constitue un lien solennel et sacré entre l’homme et la femme, est la base de la formation de la famille souhaitée. Une famille ne peut se constituer que dans le cadre d’un mariage.

L'islam incite au mariage

L’islam ne reconnaît pas la vie monastique. Il refuse l’idée du renoncement au mariage pour se consacrer à l’adoration de Dieu. Au contraire, le Messager de Dieu (ﷺ) a incité les jeunes au mariage en disant : « Ô jeunes ! Celui d’entre vous qui est capable de fonder un foyer, alors qu’il se marie ! Cela aide à baisser le regard et à préserver le sexe »[1].

Lorsqu’il savait que certains de ses compagnons avaient tendance à se vouer au célibat, il leur interdisait l’excès dans l’adoration et les appelait à la modération.

Trois hommes vinrent s’informer auprès des mères des croyants au sujet de la pratique religieuse du Prophète (ﷺ). Une fois informés, ils trouvèrent cette pratique assez légère à leur goût. C’est alors que l’un d’entre eux dit : « Quant à moi je veillerai les nuits à prier sans dormir ». Le deuxième dit : « Quant à moi, je jeûnerai tous les jours sans interruption ». Le troisième dit : « Quant à moi, je fais vœu de chasteté, je ne me marierai jamais ». Lorsque le Prophète (ﷺ) apprit cela, il alla les voir et leur dit : « Est-ce vous qui avez dit telle et telle chose ?! Sachez que je suis le plus pieux d’entre vous et celui qui craint le plus Dieu, pourtant je jeûne des jours et n’en jeûne pas d’autres, je passe une partie de la nuit à prier et je dors pendant l’autre partie et j’épouse les femmes. Celui donc qui souhaite se détourner de ma « Sunna » n’est pas des miens »[2].

[1] – rapporté par al-Bukhâri

[2] – rapporté par al-Bukhâri

Les finalités du mariage en islam

1 – La parité est une loi cosmique et universelle. Rien ne peut fonctionner seul. Dieu a créé toute chose ayant besoin d’une autre chose pour se compléter mutuellement. Ce principe de parité est présent dans toute chose : dans l’électricité, dans le monde des atomes et des électrons, dans le monde végétal et animal. Dieu dit : « Et de toute chose Nous avons créé [deux éléments] de couple. Peut-être vous rappellerez-vous ?» (51 : 49), « La Louange à Celui qui a créé tous les couples de ce que la terre fait pousser, d’eux-mêmes, et de ce qu’ils ne savent pas ! » (36 : 36).
Cette loi de parité se manifeste dans le monde des humains par le mariage. Dieu a mis dans le cœur de l’homme un penchant vers la femme et a mis dans le cœur de la femme un penchant vers l’homme. Chacun ressent le besoin de l’autre et seul le mariage peut combler ce besoin. L’un et l’autre connaîtront la stabilité et la quiétude et trouveront dans l’autre, sérénité, amour et miséricorde : « Et parmi Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour que vous viviez en tranquillité avec elles et Il a mis entre vous de l’amour et de la miséricorde. Il y a en cela des preuves pour des gens qui réfléchissent. » (30 : 21).

2 – Le mariage est le seul moyen assurant la progéniture et garantissant la pérennité du genre : « Allah vous a fait à partir de vous-mêmes des épouses, et de vos épouses Il vous a donné des enfants et des petits-enfants. Et Il vous a attribué de bonnes choses. » (16 : 72).

C’est pour cette raison que les prophètes demandèrent à Dieu une descendance pieuse. Zakariyya, paix et miséricorde sur lui, implora Dieu en ces termes : « Ne me laisse pas seul, Seigneur, alors que Tu es le meilleur des héritiers. » (21 : 89), « Accorde-moi, de Ta part, un descendant qui hérite de moi et hérite de la famille de Ya’qub (Jacob). Et fais qu’il te soit agréable, Ô mon Seigneur. » (19 : 89). Ibrâhîm, paix et miséricorde sur lui, s’adressa à Dieu en disant : « « Seigneur, fais-moi don d’une [progéniture] d’entre les vertueux. » Nous lui fîmes donc la bonne annonce d’un garçon (Isma’il (Ismaël)) longanime. » (37 : 100 – 101).

3 – Le mariage aide à accomplir et à compléter la foi de l’individu. En ce sens, le mariage est un acte d’adoration. Le Prophète (ﷺ) dit : « Lorsque Dieu accorde à quelqu’un une épouse vertueuse, Il l’a aidé à accomplir la moitié de sa religion. Qu’il craigne Dieu dans l’autre moitié»[1]. Le hadith est valable dans l’autre sens.

4 – Le mariage fait partie du bonheur mondain. Le Prophète (ﷺ) dit : « Quatre choses font partie du bonheur : « La femme vertueuse, l’habitation vaste (dans une version : et bien équipée), le bon voisin et une bonne monture »[2].

5 – Le mariage est le seul moyen permettant la formation de la famille qui est la cellule première de la société et sa pierre angulaire. Il ne peut y avoir de société humaine et vertueuse sauf si la famille est solidement constituée. C’est à l’ombre de la maternité, de la paternité et de la fratrie que les nobles sentiments s’enracinent chez l’individu tels que l’amour, l’altruisme, la bienveillance, la compassion et l’entraide.

6 – Le mariage contribue à développer et à consolider les liens sociaux. En effet, le mariage n’est pas seulement l’union de deux individus mais aussi de deux familles. La famille s’agrandit alors avec la naissance de nouveaux liens par alliance. Cela contribue à élargir le cercle de l’amitié et de l’affection et les liens sociaux s’en verront plus consolidés. C’est pourquoi Dieu a fait de l’alliance par le mariage un lien similaire à celui de la parenté (filiation) : « Et c’est Lui qui de l’eau a créé une espèce humaine qu’Il unit par les liens de la parenté et de l’alliance. Et ton Seigneur demeure Omnipotent.» (25 : 45).

7 – Le mariage favorise la responsabilisation de l’homme et de la femme. En effet, par le mariage, l’un et l’autre quittent leur état d’enfance sous la responsabilité des parents, et deviennent des adultes responsables utiles pour la société. Le mariage est ainsi un lien et un pacte solennel qui implique une responsabilité commune entre l’homme et la femme. Le Prophète (ﷺ) dit : « Vous êtes tous des bergers et vous êtes tous responsables de l’objet de votre garde : L’homme est berger dans sa propre famille, et il est responsable de l’objet de sa garde. Et La femme est bergère dans le foyer de son mari, et elle est responsable de l’objet de sa garde.»[3], « Il suffit comme péché pour l’homme de négliger ceux dont il a la charge »[4], « Dieu interrogera tout berger sur l’objet de sa garde qu’Il lui a confié : l’a-t-il préservé ou négligé ? »[5].

8 – Le mariage permet d’assouvir ses pulsions sexuelles : l’islam n’a pas considéré les rapports sexuels comme quelque chose de sale dont il faut réduire, le plus possible, la fréquence en les limitant au seul but de la procréation, à l’instar de certaines religions. Cependant, il refuse que l’homme soit mené par ses instincts, à l’instar de certaines philosophies. Il a donc permis à l’être humain d’assouvir ses pulsions d’une manière propre, qui assure la pérennité de l’espèce humaine, respecte sa dignité et l’élève du rang de l’animal et ce, dans le cadre exclusif du mariage.

[1] – rapporté par at-Tabarâni et al-Hâkim

[2] – rapporté par al-Hâkim

[3] – rapporté par al-Bukhâri et Muslim

[4] – rapporté par Ahmed, Abû Dâwûd, al-Hâkim et al-Bayhaqi

[5] – rapporté par al-Bukhâri et Muslim

Le choix du conjoint

L’islam vise à établir le mariage sur des bases solides, fondées sur l’entente entre les deux époux mais aussi, entre les familles de chacun des deux. Cela permettra à ce mariage d’être édifié sur des bases fondamentales lui évitant l’ébranlement face aux tempêtes de la vie. C’est pourquoi, il donne deux orientations principales dans le choix du conjoint. La première concernant la femme : « On épouse une femme pour l’une des quatre raisons suivantes : pour sa richesse, sa noblesse, sa beauté et sa piété, choisis celle qui est pieuse »[1]. La seconde concernant l’homme : « Si un homme dont vous agréez sa religiosité et sa morale vient à vous (pour formuler une demande de mariage), alors mariez le, sinon ce serait la cause d’une énorme corruption »[2].

[1] – rapporté par al-Bukhâri et Muslim

[2] – rapporté par at-Tirmidhi

La vie commune : droits et devoirs

Le mariage est un lien solennel et une institution sacrée. Pour que ce lien soit stable, pérenne et fortement ancré, l’islam a établi des droits et des devoirs pour les deux conjoints de manière à ce que si tous les deux s’y tiennent, ils connaîtront bonheur et prospérité dans leur couple.

Ces droits et devoirs se résument d’une manière très synthétique dans une seule parole : le comportement convenable. Dieu dit : « Et comportez-vous convenablement envers elles. » (4 : 19), « Elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance. » (2 : 228). Il s’agit d’un comportement conforme à la bienséance : une bonne compagnie, l’abstention de nuire, supporter le désagrément causé par l’autre, accomplir son devoir sans tarder, avec joie, en ayant un visage resplendissant, sans rappeler à l’autre les bienfaits accomplis. Remarquons que le verset précédent a fait en sorte que les droits et les devoirs soient partagés entre l’homme et la femme. A chaque droit correspond un devoir.

Mais le verset accorde à l’homme un degré additionnel en plus par rapport à la femme. A quoi correspond ce degré ? Certains exégètes estiment qu’il s’agit de la responsabilité financière et charge de subvenir aux besoins de la famille.

Quant à at-Tabari, il considère qu’il s’agit du pardon et de la clémence en renonçant à certaines des obligations qu’elles doivent, tout en accomplissant pleinement les devoirs qu’ils ont envers elles.

Parmi les droits et devoirs communs entre l’homme et la femme :

Le respect mutuel
La consultation. Dieu dit concernant le sevrage de l’enfant : « Et si, après s’être consultés, tous deux tombent d’accord pour décider le sevrage, nul grief à leur faire. » (2 : 233). Dieu enjoint les deux à se consulter au sujet du sevrage de l’enfant, à plus forte raison pour des questions plus importantes.
L’entraide dans l’aisance et dans la difficulté.
La préservation des secrets du couple. Les divulguer est une trahison du dépôt.